Les jeunes d’origine immigrée sont surreprésentés dans les solutions transitoires; de plus, ils obtiennent plus rarement un certificat de fin d’études du secondaire II.
Afin d’assurer durablement l’accès direct à la formation professionnelle en alternance, le projet a mis en œuvre quatre mesures s’étendant sur les deux niveaux de formation concernés (niveaux obligatoire et postobligatoire) :
- Le « coaching » d’entrée dans la vie professionnelle et le « matching » de places d’apprentissage ont pour but d’aider les jeunes sélectionné-e-s en troisième année du secondaire I à trouver le métier qui leur convient et à chercher une place d’apprentissage (une leçon par semaine). Les jeunes sont stimulé-e-s à envisager également des champs professionnels alternatifs et des métiers qui ne sont pas traditionnellement exercés par leur sexe.
- L’accompagnement pendant la période d’essai et la formation a pour but de soutenir les jeunes dans la première année d’apprentissage pour les questions et difficultés associées à la formation, et de décharger les formateurs-rices et les enseignant-e-s des écoles professionnelles (assistance-conseil en fonction des besoins).
Le projet s’est fixé pour objectif de trouver une solution de raccordement pour 95 % des jeunes accompagné-e-s, et d’assurer l’intégration professionnelle de 40 à 50 % d’entre eux-elles. On espère que 90 % des jeunes professionnellement intégré-e-s accomplissent avec succès la période d’essai dans la formation professionnelle initiale, et que quatre apprenti-e-s sur cinq soient en mesure de poursuivre leur formation en deuxième année, de façon autonome. L’évaluation a examiné, pour trois cohortes distinctes (2016-2018 ; 2017-2019 ; 2018-2020), dans quelle mesure l’objectif avait été atteint sur le plan qualitatif et quantitatif, et constaté quel groupe cible parvenait à l’aide de NON-STOP à intégrer directement la formation professionnelle. Par ailleurs, on a déterminé sur la base d’une analyse coûts-bénéfices la plus-value de NON-STOP par rapport aux prestations de soutien déjà existantes (APP, SEMO). L’analyse s’appuie sur une vaste base de données qui tient compte des retours de tous les groupes de personnes impliqués (apprenti-e-s, enseignant-e-s, formateurs-rices, directions scolaires, conseillers-ères en orientation, coaches) et des solutions de raccordement mises en œuvre dans les six écoles comparées (cf. Pool Maag & Jäger, 2020, 8).
Coaching d’entrée dans la vie professionnelle
Les jeunes recommanderaient le coaching à d’autres (approuvé à 88 %) et jugent le soutien du coach utile (approuvé à 85 %).
Coaching de candidature : cette mesure est celle qui a exigé le plus de temps dans le contexte des prestations d’assistance-conseil. Du point de vue des jeunes (n = 192), c’est de loin sur les dossiers de candidature que l’on a travaillé le plus intensément (approuvé à plus de 90 % ; M = 5,3 / écart-type = 1,23).2 L’analyse montre que l’organisation du processus de candidature (garder une vue d’ensemble, réunir les documents, élaborer le dossier, s’entraîner à la démarche de candidature, s’entraîner aux entretiens téléphoniques, tenir une correspondance, etc.) exige beaucoup de soutien et est fortement alignée sur les besoins des jeunes.
Évaluation des prestations de soutien : Le coaching d’entrée dans la vie professionnelle bénéficie d’un avis favorable des jeunes par rapport aux dix dimensions examinées (M = 4,6 / écart-type = 1,2). Les jeunes recommanderaient le coaching à d’autres jeunes (approuvé à 88 %) et jugent le soutien du coach « utile » (approuvé à 85 %).
L’ampleur du soutien des parents et de la famille dans le processus de choix d’un métier contribue à façonner l’importance avec laquelle les jeunes tirent profit de NON-STOP (on suppose ici un renforcement mutuel du soutien par la famille et par l’école) et l’estimation selon laquelle le soutien proposé est suffisant (intensification recommandée pour les jeunes sans soutien des parents). Par rapport aux jeunes garçons, les jeunes filles ont présenté un comportement différent en ce qui concerne l’usage de l’offre : elles ont eu recours au coaching d’entrée dans la vie professionnelle pendant une période plus longue. En outre, les jeunes filles qui ont réussi à intégrer directement un métier avaient suivi plus longtemps les séances de « matching » des places d’apprentissage. Du point de vue du niveau scolaire (B, C), on n’a pas pu constater de différence au niveau de l’usage fait du programme.
« Matching » des places d’apprentissages : métiers d’apprentissage et solutions de raccordement
Accompagnement pendant la période d’essai et la formation
Environ 60 % des jeunes intégré-e-s dans la vie professionnelle (n = 56) ont eu recours à l’accompagnement pendant la période d’essai et la formation.
Soutien en cas de menace de perte de la place d’apprentissage : sur 67 jeunes des cohortes 1 et 2 qui sont entrés en première année d’apprentissage avec NON-STOP, 8 ont abandonné la formation pendant la première année (14,9 %) : 5 pendant ou immédiatement après la période d’essai, 3 après une période d’essai accomplie avec succès ou prolongée. Toutes les mesures de réintégration professionnelle amorcées ensuite par le coach (nouvelle recherche de place d’apprentissage, lettres de candidature, entraînement aux entretiens de candidature) ont été très utiles et importantes pour les jeunes en question. De manière cruciale, 9 résiliations du contrat d’apprentissage ont pu être évitées par les coaches NON-STOP.
Satisfaction générale : l’offre d’un accompagnement pendant la période d’essai et la formation donne aux jeunes un sentiment de sécurité dans leur nouvel environnement de travail. Cet avis est partagé par les enseignant-e-s des écoles professionnelles et les formateurs-reices. Ils-elles considèrent que l’accompagnement de la formation constitue un soutien efficace en cas de problèmes dans l’entreprise formatrice et à l’école, et jugent bon que cette mesure soit mise en œuvre par des partenaires externes. Les jeunes apprécient le travail des coaches (M = 5,4) et trouvent que l’accompagnement pendant la période d’essai et la formation est une mesure à recommander (M = 5,4).
Analyse coûts-bénéfices
En outre, les écoles participant au projet ont accru la proportion de jeunes professionnellement intégré-e-s de 5,8 % (2017-2018), tandis que ce quote-part a diminué de 5,4 % dans les autres écoles comparées.
Discussion et appréciation des prestations du projet
Nous supposons qu’en raison du poids important accordé à des critères liés aux résultats scolaires pour le recrutement du personnel, on assiste, pour ce groupe cible, à une sélection faussement négative ou trop unilatérale des aptitudes relatives à la formation.
En revanche, les objectifs de maintien en formation des jeunes ont été atteints (90 % des apprenti-e-s accomplissent la période d’essai avec succès, 80 % poursuivent leur formation de façon autonome). Le besoin des prestations de soutien mises à l’essai est confirmé par toutes les personnes interrogées des deux niveaux de formation. Les jeunes filles en difficulté scolaire et les jeunes sans soutien des parents notamment ont tiré profit de NON-STOP à l’école secondaire. Les constats montrent que pour les jeunes d’origine immigrée du secondaire B et C, ces mesures contribuent grandement à augmenter les certificats de formation, réduisent les coûts dans le système transitoire et pourraient minimiser les frais sociaux consécutifs en liaison avec le chômage.
Aux deux niveaux de formation, les prestations de soutien répondent à un besoin évident de la part des jeunes, des enseignant-e-s et des formateurs-rices responsables de leur formation. NON-STOP s’affirme comme mesure souple qui n’exige que des conditions minimes en termes d’organisation et de locaux scolaires. Les coaches sont des professionnel-le-s externes de l’intégration professionnelle. Ils-elles agissent avec fiabilité, discrétion et souplesse dans un échange avec l’orientation professionnelle et les enseignant-e-s, sur place, et apportent leur soutien là où il y a des difficultés. Ce suivi étroit et professionnel, ainsi que le bas seuil d’exigence de l’offre, sont considérés par les enseignant-e-s du groupe cible comme un facteur de succès.
Au moment de l’achèvement du projet, la poursuite de NON-STOP dans les écoles participantes ne pouvait pas encore être garantie pour des raisons de financement. Eu égard à la mise en œuvre du programme de travail de la CDIP (2012-2024) qui met l’accent sur les « transitions dans le système éducatif », on peut toutefois escompter un encouragement d’initiatives pour la mise en œuvre de mesures de soutien à l’entrée directe dans la formation professionnelle. NON-STOP, en tant que prototype destiné aux jeunes d’origine immigrée, a ici fait ses preuves.
2 Les jeunes ont évalué des affirmations telles que « À l’aide de NON-STOP, j’ai découvert de nouveaux métiers qui me conviennent » selon une échelle de Likert à six niveaux (6 = absolument d’accord ; 5 = d’accord ; 1 = pas du tout d’accord). Aide de lecture : la moyenne de 5,3 est supérieure à la moyenne empirique de l’échelle (M = 3,5). La réponse à la question est donc affirmative (« d’accord »). Un écart-type élevé indique une démarche personnalisée des coaches.
3 Les jeunes ont indiqué dans quelle mesure ils-elles ont eu recours à cet accompagnement, et ont évalué son efficacité selon une échelle à six niveaux (6 = très utile, 1 = pas utile).Références
- Office fédéral de la statistique (OFS) (2016): Analyses longitudinales dans le domaine de la formation La transition à la fin de l’école obligatoire – Edition 2016. Neuchâtel: OFS.
- Pool Maag, S. & Jäger, R. (2020). Evaluation «NON-STOP: Direkteinstieg in die Berufsbildung».Schlussbericht, 16.11.2020. Zürich: PHZH.
- CSRE (2018). L’éducation en Suisse, rapport 2018. Aarau: Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation
Citation
Silvia Pool Maag & Reto Jäger, 2021: Entrée en apprentissage sans détours: Évaluation du projet « NON-STOP – entrée directe dans la formation professionnelle » pour les jeunes d’origine immigrée se trouvant en difficulté scolaire. Transfert, Formation professionnelle dans la recherche et la pratique (1/2021), SRFP, Société suisse pour la recherche appliquée en matière de formation professionnelle.